CHARPENTIER

Leçons de ténèbres

 

Longtemps relégué dans l'ombre par l'encombrant Lully, Marc-Antoine Charpentier retrouve peu à peu la place qui lui est due : celle de l'un des plus grands compositeurs de l'ère baroque. Une grande part de son catalogue reste cependant à découvrir. Parmi ses quelques 550 œuvres, sa contribution à l'office des ténèbres est d'une richesse sans pareille. On y distingue plusieurs ensembles : les leçons à voix seule et basse continue (lamentations aux riches mélopées encore empreintes d'italianismes auxquelles s'ajoute toute la palette ornementale des airs de cour), celles pour plusieurs voix, et celles pour voix seule et ensemble instrumental. Dans ces dernières, et particulièrement dans les extraordinaires leçons pour basse qui nous intéressent ici, le style vocal se fait plus sobre sur le plan ornemental, mais Charpentier porte à son pinacle la rhétorique expressive, amplifiée par les ritournelles et accompagnements instrumentaux.

 

Les trois leçons de ténèbres H.120 (pour le mercredi saint), 121 (pour le jeudi saint) et 122 (pour le vendredi saint) opposent la basse-taille (baryton) soliste à un imposant ensemble orchestral, comportant cordes à quatre parties, hautbois, flûtes et bassons. Le récitant (chanteur) relate la destruction de Jerusalem par les Chaldéens par des chants lugubres dans lesquels le prophète déplore la ruine de Jérusalem et les péchés qui causèrent la colère divine. Après un superbe prélude empreint de gravité et de ferveur, développant librement le Tonus lamentationum grégorien, le compositeur accentue les contrastes de verset en verset en alternant le petit chœur (2 flûtes et basse) et le grand chœur (tous les instruments au complet), avant de conclure par le Jerusalem dont la répétition identique à la fin de chaque leçon amplifie le sens moralisateur, impérieux et réconfortant à la fois.

Les trois leçons H.123 à 125 sont en quelques sorte l'équivalent chambriste des oeuvres décrites ci-dessus. Point d'alternance ici entre grand et petit choeur, mais une écriture à 5 parties égales, où dialoguent une paire de violons et une paire de flûtes traversières ; Charpentier développe autour de la voix un contrepoint miraculeux, qui souligne le texte avec un symbolisme qui allie la grâce à la puissance

 

 

 

“Lecture magistrale qui confirme les affinités du chef et flûtiste Alexis Kossenko

avec la subtilité parfois évanescente et si captivante d'un Charpentier

touché ici par la Grâce” (Benjamin Ballif, Classiquenews.com)

Stephan MacLeod, basse-taille

 

24 instruments :

(2 flûtes douces et flûtes allemandes, 2 hautbois,

2 bassons et basse de cromore, 6 violons, 4 altos,

4 basses de violon, basse de viole, clavecin, orgue, théorbe)

 

Leçons de Ténèbres H.120, 121, 122

Pour Basse et grand orchestre

&

Offertes, Antiennes et Ouvertures pour l'église

 

Stephan MacLeod, basse-taille

 

 7 instruments :

(2 flûtes douces et flûtes allemandes, 2 violons,

basse de viole, clavecin / orgue, théorbe)

 

 

Leçons de Ténèbres H.123, 124, 125

Pour Basse-taille, 2 flûtes et 2 violons et basse

&

MARAIS : Pièces en trio pour les flûtes et violons

 

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